"Salut. C'est étrange de te voir ici, tu sais. Cela fait si longtemps. Combien de temps ? Tu peux t'asseoir, tu sais. Si tu le veux. Ou tu peux juste regarder. J'aimais bien ça. Te regarder. Quand tu étais de dos. Quand tu courais sur la piste. Quand tu me parlais d'elle. Quand tu dansais, si maladroitement. Quand nous faisions l'amour. C'est étrange de te voir ici, tu sais. Attends. Avant que tu partes, j'aimerais te regarder. Encore un peu."

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БЕЗ ТЕБЯ (prononcer bèz tiébya), c'est du russe. Cela signifie « sans toi ». C'est une adresse. C'est aussi la traduction d'une absence. Oui, on pourrait le dire comme ça : БЕЗ ТЕБЯ, c'est une adresse aux absents.

 

Au milieu d'une rue, ou au centre d'un carrefour, deux tabourets se font face. Sur l'un d'eux est assise une créature. Elle est cagoulée de latex. Aveugle et sans visage. Elle attend que quelqu'un s'assied face à elle et se chausse du casque audio disponible dont le fil est une chaîne reliée à son cou. Dans le casque, c'est une voix que l'on entend. Peut-être celle de la créature. La voix s'adresse à un quelqu'un. Pas vraiment à celui qui est assis. Mais plutôt à François, à Antoine, à Matthieu, à Théo ou à R.

La voix se raconte et se dévoile...

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Dans un premier amour inavoué.

Dans le fantasme de l’inaccessible.

Dans la douleur d'un sens-unique.

Dans le souvenir d'une danse lascive.

Dans l'ivresse d'une nuit d'automne.

 

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БЕЗ ТЕБЯ poursuit le travail mené par APPARAITRE sur la question de l'intime et propose, dans un face à face au cœur de la ville, d'explorer le champ de nos relations passées, de nos relations fantômes. Celles qui restent et se déploient encore malgré le temps qui passe. Celles qui hantent et parfois surviennent à notre présent. Celles dont la conclusion a été de toute évidence illusoire.